Lorsqu’on se lance dans l’achat d’un bien immobilier, il est crucial de prendre en compte tous les facteurs susceptibles d’impacter la durabilité et la valeur de notre investissement. Parmi ces facteurs, les risques climatiques occupent une place de plus en plus prépondérante. Dans cet article, nous allons nous pencher sur un risque spécifique : celui de la sécheresse et de ses conséquences sur un bâtiment.
La sécheresse, souvent associée aux régions arides, peut également toucher des zones plus tempérées et même des régions où l’on ne s’attendrait pas à de tels phénomènes. Les changements climatiques en cours ont accentué ce risque, rendant indispensable la prise de conscience quant aux conséquences de la sécheresse sur leur futur bien immobilier. Les impacts que la sécheresse peut avoir sur un bâtiment vont au-delà de simples désagréments esthétiques, elle peut engendrer des problèmes structurels, compromettant la solidité et la sécurité du logement, ainsi que sa valeur marchande.
Dans les prochaines sections de cet article, nous allons explorer en détail les effets de la sécheresse sur un bâtiment, les signes révélateurs de problèmes et les actions préventives et correctives à entreprendre. En comprenant ces enjeux, les primo-accédants seront mieux armés pour prendre des décisions éclairées et protéger leur investissement immobilier face aux risques climatiques.
Sommaire:
- Tout d’abord, c’est quoi le RGA ?
- Plus généralement, quels facteurs accroissent l’exposition du bâtiment aux risques liés à la sécheresse ?
- Les signes révélateurs de problèmes liés à la sécheresse
- Les actions préventives et correctives à entreprendre
Tout d’abord, c’est quoi le RGA ?
Lorsqu’il est question des effets de la sécheresse sur un bâtiment, l’un des aspects les plus critiques concerne les fondations. Les variations du taux d’humidité dans le sol peuvent entraîner ce que l’on appelle le retrait-gonflement des argiles (RGA). Comprendre ce processus est essentiel pour appréhender les risques qui en découlent.
Les argiles, présentes dans le sol, sont des matériaux sensibles à l’humidité. Lorsque le sol est exposé à une période de sécheresse, l’eau qu’il contient s’évapore, entraînant une rétractation des particules d’argile. À l’inverse, lors des périodes de pluie ou d’humidité élevée, le sol absorbe l’eau, provoquant son gonflement.
Les variations du sol peuvent avoir de graves conséquences sur les fondations d’un bâtiment. Un sol qui se rétracte peut provoquer des affaissements et des fissures au niveau des fondations, compromettant ainsi la stabilité structurelle de l’ensemble du bâtiment. À l’inverse, un sol qui gonfle peut exercer une pression excessive sur les fondations, entraînant des déformations et des dommages.
Que représente l’indicateur RGA ? L’indicateur « Retrait-gonflement des argiles » représente la répartition géographique des risques d’exposition aux retraits et gonflements. Il est issu d’un travail du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) de cartographie des formations argileuses, hiérarchisées en fonctions des types d’argiles présentes. Ce travail a été complété en tenant compte de la sinistralité existante (densité des sinistres enregistrés). Cette cartographie est disponible sur la plateforme Géorisques.
Plus généralement, quels facteurs accroissent l’exposition du bâtiment aux risques liés à la sécheresse ?
Les risques liés à la sécheresse sont aujourd’hui de plus en plus forts. En effet, la surface annuelle touchée par la sécheresse a doublé entre les périodes avant et après 1990. Selon le GIEC, à la fin du siècle, la majorité du territoire français sera concerné par des sécheresses, alors qu’en parallèle leur intensité sera renforcée car des étés aux températures semblables à 2003 auront lieu tous les 2 à 3 ans. (L’été 2003, exceptionnellement chaud, a vu le coût des sinistres dus aux RGA multiplié par 6 à 7 par rapport aux années moyennes).
Alors que le sol sous le bâti est protégé de l’évaporation, l’autre partie du sol qui entoure le bâtiment ne l’est pas, en conséquence les mouvements liés au gonflement et rétraction des sols vont favoriser l’apparition de fissures. On peut mettre en avant différents risques:
- Pour les structures, on peut observer une apparition de fissures, une distorsion et/ou dislocation des intérieurs (portes, fenêtres, cloisons, dallage, etc.), ou un décollement au niveau des éléments jointifs (garage, perrons, terrasses).
- Pour les réseaux, on peut constater un risque de fuites des réseaux enterrés (eau, eaux usées, gaz de ville) ou de rupture des réseaux enterrés.
- Pour les usagers, il peut y avoir un problème de sécurité des usagers, un coût et un temps de réparation des dégâts,et éventuellement de relogement temporaire. En effet, la déshydratation des matériaux peut provoquer des fissures et des ruptures au niveau des murs, des planchers et des structures.
- Enfin, pour l’eau et la végétation environnante, on peut voir un assèchement général de la végétation environnante et une limitation des réserves d’eau (bassins, fontaines, arrosage).
En parallèle, bien que la sécheresse soit souvent associée à un manque d’eau, elle peut également entraîner des problèmes d’inondation dans un bâtiment.
En période de sécheresse, les sols peuvent devenir compactés et perdre leur capacité de drainage. Cela signifie que lorsque de fortes pluies surviennent après une période de sécheresse, l’eau peut avoir du mal à s’infiltrer dans le sol, augmentant ainsi les risques d’inondation et de stagnation d’eau autour du bâtiment.
Les signes révélateurs de problèmes liés à la sécheresse
L’apparition de fissures est l’un des signes les plus évidents de problèmes liés à la sécheresse. Il est essentiel de savoir reconnaître les différents types de fissures pour évaluer la gravité de la situation. Lorsqu’il s’agit d’évaluer les fissures, il est crucial de prendre en compte leur localisation, leur taille et leur évolution. Les fissures situées près des angles des ouvertures ou des fondations peuvent indiquer des problèmes structurels plus graves. De même, les fissures qui s’agrandissent rapidement peuvent être le signe d’un affaissement du sol ou d’une déformation de la structure.
En parallèle, une sécheresse prolongée peut entraîner une déformation de la structure du bâtiment, il est important de vérifier l’aplomb des murs en utilisant un niveau à bulle. Des murs qui ne sont plus verticaux peuvent indiquer un affaissement ou une déformation de la structure. De même, il est essentiel de vérifier l’aplomb des poutres et de s’assurer qu’elles ne présentent pas de signes de courbure ou de déformation.
*Source Agence Qualité Construction
Un autre indicateur de problèmes structurels liés à la sécheresse est le désalignement des ouvertures telles que les portes et les fenêtres. Si les ouvertures ne s’ouvrent plus ou se ferment difficilement, ou si des espaces apparaissent entre les cadres et les murs, cela peut être le signe d’un affaissement ou d’une déformation de la structure.
Enfin, un dernier signe significatif peut être les traces de moisissures ou de salpêtre. Les problèmes d’humidité peuvent être exacerbés par la sécheresse. Ces signes indiquent une présence excessive d’humidité, souvent due à des problèmes de drainage ou à des infiltrations d’eau liées à la sécheresse. Pour évaluer les problèmes d’humidité, il est recommandé de mesurer l’humidité relative de l’air à l’aide d’un hygromètre. De plus, il est possible de mesurer la teneur en eau des matériaux de construction à l’aide d’un humidimètre.
Les actions préventives et correctives à entreprendre
Avant d’investir dans un bien immobilier, il est recommandé de réaliser une étude géotechnique approfondie du sol sur lequel le bâtiment est construit. Cette étude permettra de déterminer la présence éventuelle d’argiles sensibles au retrait-gonflement, précurseur des problèmes liés à la sécheresse. De plus, un diagnostic structurel effectué par un professionnel permettra d’évaluer la solidité de l’ensemble du bâtiment.
En parallèle, il est aussi judicieux de s’informer sur l’historique du quartier en termes de sécheresse. Certaines régions sont plus susceptibles de subir des sécheresses fréquentes ou intenses, ce qui augmente les risques pour les bâtiments. Consulter les données climatiques locales et s’informer auprès des habitants du quartier peut aider à prendre une décision éclairée. Vous pouvez aussi trouver ces informations sur Géorisques.
Après l’achat, il est essentiel de surveiller régulièrement les signes de détérioration liés à la sécheresse. Inspectez régulièrement les murs, les fondations, les ouvertures et les matériaux de construction pour détecter toute apparition de fissures, de déformations ou de problèmes d’humidité. Réagir rapidement à ces signes peut éviter des dommages importants.
Si des problèmes liés à la sécheresse sont identifiés, il est important de prendre les mesures appropriées en engageant des travaux de renforcement et de réparation. Faites appel à des professionnels qualifiés pour évaluer les dommages et recommander les travaux nécessaires pour préserver la solidité de la structure. Cela peut inclure des mesures telles que l’injection de résine pour stabiliser les fondations ou le renforcement des matériaux de construction.
Lors de la souscription d’une assurance habitation, il est crucial de vérifier attentivement la couverture des dommages liés à la sécheresse. Assurez-vous que votre police d’assurance couvre les problèmes spécifiques tels que les fissures, les affaissements et les infiltrations d’eau causés par la sécheresse. En cas de doute, n’hésitez pas à contacter votre assureur pour obtenir des clarifications.
Conclusion
La sécheresse représente un réel risque pour les bâtiments, pouvant entraîner des dommages structurels et des problèmes d’humidité. Pour les primo-accédants qui investissent sur le marché immobilier, il est crucial de comprendre ces risques et d’adopter une approche proactive pour les prévenir.
Dans cet article, nous avons examiné les effets de la sécheresse sur les bâtiments, tels que les problèmes liés à la nature des fondations, à l’altération des matériaux de construction et les soucis d’humidité. Nous avons également identifié les signes révélateurs de ces problèmes, tels que les fissures, les déformations de la structure et les traces d’humidité.
Avant d’acheter un bien immobilier, nous vous conseillons de vous réaliser une étude géotechnique et un diagnostic structurel en faisant appel à des professionnels. Notre simulateur flash Bien Demain vous fournit toute la donnée dont vous avez besoin !